Jusqu’au 16 juin, c’est au tour de Bentley de recevoir les honneurs du musée. Une quinzaine de voitures anciennes et quelques modernes évoquent une histoire en quatre temps assez peu connue…
C’est en 1888 que Walter Owen Bentley naît à Londres dans une famille aisée. Il participe à différentes courses à moto, puis passe à la voiture, une Riley puis une Sizaire et Naudin. Il ouvre avec son frère un petit garage et importe la marque française DFP. Très vite, « W.O » pour les intimes, en améliore les performances au point de terminer sixième au Tourist Trophy en 1914.
Il crée sa propre marque juste après la guerre et présente sa première réalisation au Salon de Londres 1919. La première Bentley, tournée vers le sport, est équipée d’un moteur 4 cylindres de 3L à arbre cames en tête, 16 soupapes et double allumage développant 80hp. Elle entre en production en 1921 et sa version « Speed » fait des débuts prometteurs en course aux mains de sportmen fortunés.
Au fil des années, les Bentley gagneront en cylindrées et en puissance, aidées parfois par un gros compresseur. Les « 6 ½ Litre », « 4 ½ Litre » et les « 8 Litre » jouissent d’une énorme réputation liée à leurs nombreux succès sportifs, notamment aux 24H du Mans qu’elles remportent 5 fois, en 1924, 1927, 1928, 1929 et 1930.
La course coûte énormément d’argent et les retombées commerciales ne suivent pas. Très sophistiqués, les « camions les plus rapides du monde » – selon Ettore Bugatti – sont victimes, comme tant d’autres de la crise économique. Le milliardaire Woolf Barnato, vainqueur trois années de suite au Mans, injectera beaucoup d’argent et deviendra l’actionnaire principal. Une voiture plus « raisonnable » arrivera trop tard pour éviter la faillite en 1931. Plus de 3.000 voitures auront été produites en 10 ans.
Rolls-Royce ne rate pas l’occasion d’absorber son concurrent pour la somme de 12.275 £. En 1933 sort la première Bentley de l’ère Rolls-Royce. Une 3L5 qui n’est autre qu’une version sportive de la Rolls 20/25, plus proche du luxe de Rolls-Royce que de la sportivité des Bentley, de quoi décevoir ses fanatiques…
Les Bentley deviennent petit à petit les clones des Rolls, ne différant parfois que pas la calandre, les badges et le prix. Il existe heureusement des exceptions, telles les magnifiques coupés « Continental » produits jusqu’en 1965. En 1959, les deux marques abandonnent le moteur Rolls-Royce 6 cylindres pour un V8 en alliage léger de 6L2 réclamé par le marché américain. Autre révolution en 1965, avec l’arrivée de la Rolls-Royce Silver Shadow et de la Bentley T. Il s’agit pour les deux marques de la première monocoque à roues indépendantes et 4 freins à disques. Copie assez inutile, la Bentley T ne se vendra qu’à 558 exemplaires, laissant augurer la fin de la marque.
Le groupe Rolls-Royce, en grande difficulté financière, est racheté en 1980 par le fabricant d’avions Vickers. Un changement d’orientation sauve Bentley en 1982 avec la Mulsanne Turbo, se présentant, comme son nom l’indique, comme la descendante des glorieuses sportives de la marque. L’Arnage suivra avec les mêmes intentions et le même succès. BMW, qui a été pressenti pour fournir des moteurs, semble l’acheteur évident lorsque Vickers annonce, en 1997, son intention de vendre Rolls-Royce/Bentley pour se concentrer sur les avions. Mais le Groupe VW entre en concurrence et à la suite d’une bataille juridique, il est décidé que BMW reprendrait Rolls-Royce et VW, Bentley. Les deux marques redeviennent donc concurrentes, comme avant 1931 !
Le groupe VW investit plus de 500.000£ pour relancer la marque et Bentley présente, en 2003, le coupé Continental GT équipé du moteur W12 de 6 litres qui, aidé par deux turbos, développe 560cv. C’est le début d’une ère nouvelle qui rend à Bentley sa gloire passée et lui offre l’image de supercars de très haut niveau….
Photos du haut: Bentley, photos Autoworld : Michèle Douffet