Si la vente aux enchères menée par Artcurial semble devenir une tradition à Rétromobile, encore faut-il trouver des véhicules qui fassent l’événement, et il semblait difficile de faire mieux que la tornade médiatique qui avait accompagné la dispersion de la collection Baillon l’an dernier.
Le pari est relevé avec la vente, entre autre, de 39 Citroën de la collection d’André Trigano, entrepreneur et homme politique français, frère de Gibert Trigano, l’un des créateurs du Club Med.Passionné de véhicules anciens depuis plus de 60 ans, André Trigano s’est constitué une collection d’environ 150 véhicules, exposés dans son musée de Mazères. Comme bon nombre d’amateurs il s’inquiète du sort qui sera réservé à ses voitures après lui. Il décide alors de le transformer en “Musée de l’Automobile de Basse Ariège” et de le dédier aux marques françaises disparues, introduisant ainsi une notion de patrimoine qui l’aidera certainement à perdurer. Une excellente idée qui ne laisse évidemment pas de place aux Citroën dont il est pourtant féru.
Le catalogue de la vente, qui inclus des véhicules d’autres provenances, ressemble à l’histoire de la marque:
Les “avant-guerre”, Type A, 5hp torpédo, B12, B14, C4, C6 et autres Rosalie sont bien représentées, elles sont très belles mais pas vraiment rares. Il y a certainement là de bonnes affaires à faire compte tenu de la baisse d’intérêt des amateurs pour cette époque. L’occasion d’un petit réveil?
Les berlines Traction 7, 11cv et 15cv devraient faire des heureux, mais il faut s’attendre à l’envolée des prix en ce qui concerne le coupé (7C 1935) et les cabriolets 11B et 11BL. Cette dernière, blanche, ne faisant pas partie de la collection Trigano, serait l’ex voiture de Jacqueline Citroën, merci Papa.
Belle palette de DS dont une 23 IE Pallas de 1974, le modèle le plus abouti de la série et un break 21 de 1968, un modèle devenu rare car souvent “fini” par des travailleurs du bâtiment ou désossé pour servir de bases à des cabriolets. Dans cette même lignée, notons la présence de deux CX, dont une GTi Turbo 2 de 1988 et une SM injection de 1973 dont l’estimation semble raisonnable.
Que serait un “catalogue” Citroën sans la 2cv et ses nombreuses dérivées? Berlines, dont une Charleston, fourgonnette, Ami 6, 8 et Super devraient rester accessibles, sauf la Charleston vraiment impeccable, alors que la Méhari 4×4 et la 2cv Sahara (à 2 moteurs, à redémarrer) pourraient être âprement disputées, cette dernière pouvant devenir la 2CV la plus chère jamais négociée en vente publique, car on la situe entre 60 et 90.000€…
Un peu en marge de ces modèles “habituels”, notons la présence d’une P19 chenillette Kégresse de 1929, auréolée des exploits des grandes croisières, même si elle n’y a pas participé personnellement. Sortie du tiroir des (presque) oubliées, une M35, ce modèle produit à 267 exemplaires et réservé à des clients privilégiés pour y tester le moteur de Mr Wankel. Une opération très médiatisée à l’époque et restée sans suite.
Au niveau des modèles sportifs on trouve une rare BX 4 TC produite à seulement 87 exemplaires car peu convaincante en compétition et une Visa 1000 Pistes, modèle 5 fois championne de France des rallyes.
Et enfin, pour amateur patient, une C6 V6 2.7HDi de 2007, bien trop récente mais présentée ici comme futur collector compte tenu de son faible succès commercial.
Le sort de ces véhicules se jouera ce 6 janvier à Paris, dans le cadre de Rétromobile. Voici enfin une vente aux enchères à des prix bien plus accessibles qu’à l’habitude, certaines mises à prix débutant à 5.000€. Mais pour s’arrêter où?
JB