1955 : Le sculpteur Jacques Brown s’attaque à Bugatti
Prêtée à l’occasion du dernier Interclassics au Heysel, elle a retrouvé sa place au premier étage d’Autoworld à Bruxelles. Coup de zoom sur cette étrange Bugatti bleue qui n’a de Bugatti… que le prénom.
Il s’agit en fait d’une création d’un artiste autodidacte franco-britannique aux origines mal démêlées, James (Jacques) Brown, un personnage complexe, habité d’un étrange monde intérieur. Dans son atelier parisien, il peint et sculpte des créatures énigmatiques. Au début des années ‘50, il découvre le polyester. Avec ce matériau, il réalise alors une étonnante carrosserie sur un châssis d’une Bugatti 57 de 1938, qui se distingue par des lignes fuyantes et épurées.
La voiture est présentée au Salon de l’Automobile de Paris en 1955 et la presse salue le sculpteur. Brown va poursuivre son œuvre sur ce polyester qui comble à la fois ses talents de peintre et de sculpteur. Il va connaître le succès, exposer ses œuvres dans le monde entier. Mais, entre 1969 et 1975, il subit les effets délétères du polyester. Il connaîtra de graves problèmes de santé, sombrera en dépression. Ne pouvant plus travailler ce matériau, l’artiste semble s’enfermer dans un univers peuplé de figures ectoplasmiques qui l’ont toujours hanté jusqu’à l’étouffement. Il meurt fin 1991.
La carrosserie de la Bugatti Brown a été retrouvée dans l’arrière-cour d’un atelier de restauration en France, sans son châssis d’origine. Restaurée, elle est exposée à Autoworld, reposant simplement sur une structure tubulaire, sans mécanique.
Le châssis, quant à lui, a vraisemblablement continué son parcours avec une nouvelle carrosserie de type classique. Il semblerait que Jacques Brown ait réalisé deux carrosseries avec l'intention de les commercialiser, ce qui ne s'est pas fait, alors qu'avec sa ligne aérodynamique et son poids réduit elle bénéficiait de certains atouts. Voici une très rare photo de l’exemplaire qui aurait disparu, se différenciant par ses entrées d’air et ses essuie-glaces.
Patricia Raes