Howard Dutch Darrin, styliste originaire des Pays-Bas, travailla chez Fernandez, Studebaker et Packard pour qui il créa quelques lignes originales, produites dans les années 40/42 sous le nom de Packard-Darrin.

Henry Kaiser quant à lui, devint un industriel important durant la seconde guerre mondiale en produisant de petits bâtiments de guerre. Il s’associa ensuite avec son ex-employé Willys Joseph Frazer pour créer la marque Kaiser. Les premières productions de la marque étaient assez classiques, mais permirent tout de même à la marque de représenter 5% des ventes de voitures neuves à l’aube des années ’50.

Darrin et Kaiser travaillèrent ensemble sur une voiture assez modeste sensée booster la marque, l'Henri J sortie en 1951. Dès sa conception, Dutch Darrin avait l’envie d'en extrapoler une version d'allure sportive, mais les problèmes rencontrés chez Kaiser ne lui avaient pas permis de développer le projet en parallèle. Loin du tumulte, dans son atelier personnel de Santa Monica, il allait passer la première moitié de l'année 1952 à élaborer un élégant cabriolet sur base de l'Henry J. Il faudra ensuite toute la diplomatie et l'enthousiasme de madame Kaiser pour convaincre son mari de l'intérêt de la voiture. Lorsqu'il le fut, il tînt à ce que le modèle porte officiellement le nom de Kaiser-Darrin, ce qui ne fut pas vraiment apprécié dans les bureaux de style de la société Kaiser-Frazer.

Cette élégante voiture utilisait la base mécanique de la modeste berline et était animée par le moteur de 161ci qui offrait 90cv à 4200 tours. Inutile d’essayer d’y voir une concurrente aux Corvettes, aux et T’bird et à la horde des roadsters anglais. XK, le but était de faire une voiture plaisante. La carrosserie en fibre de verre réalisée chez Glaspar, à Santa Ana en Californie, permettait à la voiture de peser moins d’une tonne. Outre la capote à trois positions style landau et l’intérieur plissé, la particularité de l'auto résidait dans l'ouverture de ses portières, qui coulissent dans les ailes avant, application d’un brevet déposé par Darrin en 1946. Cette caractéristique explique la longueur des ailes avant et du grand porte à faux arrière pour équilibrer la ligne. Le succès est toujours garanti dans les concentrations, où seules les Ford Skyliner et les 300SL à portes papillons peuvent lui voler les curieux.

Présentée le 6 janvier 1954, la Darrin 161 fut fabriquée dans l'usine de Jackson au Michigan, mais la production cessera rapidement avec la fermeture de la marque Kaiser, mais de toute façon la voiture se vendait mal. Le peu de noblesse de sa mécanique, son absence de sportivité, son prix élevé (157 dollars de plus que la Corvette en 1954) et les rumeurs de faillite de la marque y sont pour beaucoup.

En tout et pour tout, 435 exemplaires seront construits. Après une présérie de 10 exemplaires, 375 voitures seront fabriquées à la chaîne. Parmi ces voitures, 8 auraient été équipées d'un toit escamotable en fibre de verre. Les teintes disponibles étaient le blanc, le vert clair, le rouge et le jaune, mais d’autres couleurs furent rapidement disponibles.

Après la fermeture  de  l'usine, Howard Dutch Darrin rachète une cinquantaine de carrosseries restantes, et les commercialise sous son nom, entre 1955 et 1957.

Animé par un V8 Cadillac de 300cv parfois équipées d'un compresseur centrifuge Mc Culluch, les performances étaient incomparablement plus intéressantes, mais il était trop tard...

Jacques Bougnet

Caractéristiques

Moteur 6 cyl en ligne en fonte, à soupapes latérales, 79,37mm x 88,9mm = 2.639cc. 90cv à 4200 T/m, compression 7:1, refroidissement par eau. Embrayage mono disque à sec. Boîte mécanique à 3 vitesses + marche arrière, Overdrive sur demande. Transmission par arbre et pont arrière rigide. Roues avant indépendantes et ressorts hélicoïdaux, arrière à ressorts semi-elliptiques. Direction par boîtier à vis. Freins à tambours à commande hydraulique. Dimensions: longueur 464cm, empattement: 300cm, poids 1000kg. Vitesse: 150 km/h.